Revue de presse

17.07.2018

La montée des taux se fait attendre

Les taux d'intérêt pour les hypothèques fixes ont à peine bougé au cours du deuxième trimestre 2018. Vu les évolutions économiques et politiques des derniers mois, on peut conclure que les taux resteront encore bas en Suisse pour quelques temps. Dans l’intervalle, la demande en échéances à long terme a encore progressé. Tels sont les résultats du dernier Baromètre des Hypothèques de comparis.ch

Au début de l'année, les taux de référence hypothécaires semblaient encore pointer vers une montée notable. Mais le deuxième trimestre a été marqué par un mouvement latéral nerveux. L’évolution volatile s'est conclue par des taux légèrement plus bas qu’au trimestre précédent. Les hypothèques à taux fixe sur dix ans sont inférieures de 2 points de base en comparaison avec la période précédente ; les taux indicatifs atteignaient 1,56 % à la fin du trimestre passé. On note également un léger recul par rapport au trimestre précédent pour les taux de référence des hypothèques à échéances moyennes : encore à 1,16 % à la fin du premier trimestre, ils se situaient à 1,11 % à l’issue du deuxième trimestre. Les échéances courtes, quant à elles, sont restées stables ; les durées de deux ans se maintiennent au même niveau qu’au trimestre précédent – à 0,96 %.

Mario Draghi, les mains liées

Pas plus tard que début mars, la Banque centrale européenne (BCE) a retiré de ses perspectives l’éventualité d’un nouvel élargissement des rachats d'obligations – un premier pas vers le retrait progressif d’une politique monétaire ultraexpansive, selon de nombreux experts. Mais : « La situation politique difficile en Italie ne permet guère d’actionner la manette des taux pour le moment », estime Dominik Weber, Expert Banque chez le comparateur sur Internet comparis.ch. Car compte tenu de la dette publique actuelle, des taux plus élevés seraient néfastes à l’économie italienne, au risque de déstabiliser la zone Euro. Pour ne pas menacer excessivement la croissance de la zone Euro, M. Draghi, président de la BCE, pourrait bien encore attendre quelques temps avant d'agir sur les taux.

Par ailleurs, la politique commerciale américaine a accentué les risques de ralentissement de l’économie mondiale. Comme l’explique D. Weber, « L’extension des droits de douane pourrait freiner la dynamique de l’économie mondiale et restreindre la marge de manœuvre pour des augmentations de taux ». Dans ce contexte, il paraît plutôt peu probable, que la BCE relève les taux dès début 2019. Comme la Banque nationale suisse (BNS) s’oriente à la politique des taux de la BCE pour des raisons de cours de change, la période de taux bas actuelle devrait en conséquence se poursuivre encore quelques temps en Suisse.

La demande en durées longues ne faiblit pas

Reste que, au trimestre passé également, une grande majorité des preneurs d’hypothèques a choisi une durée longue pour son hypothèque à taux fixe. En comparaison avec le trimestre précédent, la part de durées longues a progressé, passant de 82,9 à 83,5 %. Cette demande accrue s’est opérée au détriment des échéances à moyen terme, qui ont reculé de 13,1 à 12,4 %. La part d’échéances courtes reste stable à 4,0 %. « Le renforcement des durées longues montre que les preneurs d’hypothèques tablent davantage sur une hausse que sur une nouvelle baisse des taux, à moyen terme », traduit l’expert Banque. Raison pour laquelle les emprunteurs souhaitent fixer les taux actuellement bas.

Cependant, si les taux devaient rester bas plus longtemps, les preneurs d’hypothèques devraient d’autant plus réfléchir si une hypothèque Libor ne serait pas plus avantageuse dans leur situation. En effet au cours des dernières années, les clients ayant opté pour une hypothèque Libor ont profité davantage que les propriétaires ayant souscrit une hypothèque fixe. « Pour les preneurs d’hypothèque, la difficulté réside dans la recherche de la bonne période pour fixer les taux sur le long terme », commente D. Weber. Le fait est qu’en cas de renchérissement des hypothèques Libor, cela ne laisse plus beaucoup de temps pour trouver un financement ultérieur intéressant. Explication : les hypothèques à taux fixe réagissent plus rapidement et plus sensiblement aux tendances économiques mondiales. Quand une progression durable des taux peut être observée y compris pour le Libor, les taux à long terme ont déjà crû depuis longtemps.

« Au final, le choix du modèle d’hypothèque n’est pas une question de prix, mais une question de propension au risque de la part des emprunteurs », ajoute D. Weber. « Les personnes misant sur la durabilité et la sécurité budgétaire, se trouveront sûrement mieux avec une hypothèque à taux fixe qu’avec une hypothèque Libor, qui est exposée à des variations de taux. Celles et ceux qui, en revanche, peuvent assumer le risque d’une augmentation de taux, devraient prendre l’option d’une hypothèque Libor en considération. »

Source : comparis.ch