
06.01.2015
Le mazout devrait rester bon marché tout l’hiver
Sur les carburants et les combustibles, les ménages et les firmes ont économisé un milliard en 2014.
Les prix des carburants et des combustibles n’ont jamais été aussi bas depuis cinq ans. Le litre d’essence sans plomb (95 octanes) se vend aujourd’hui à un peu plus de 1,50 franc à la colonne et les 100 litres de mazout à 78 francs.
Au cours des six derniers mois, le cours du baril de Brent (brut de mer du Nord) a plongé d’environ 50%, à un peu plus de 56 dollars (pour livraison en février) vendredi dernier, perdant ainsi 90 centimes au cours de la première séance de cotation de l’année. Ces tendances ont permis aux ménages et aux entreprises suisses d’effectuer d’appréciables économies. Cette année, la prudence imposerait toutefois d’acheter carburants et combustibles au cours du premier trimestre.
En admettant l’estimation de 7 milliards de litres d’essence et de diesel vendus l’an dernier, les automobilistes ont économisé en tout 700 millions de francs par rapport aux tarifs de 2013. Selon le même rapport arithmétique, en y ajoutant les estimations d’achat de mazout en 2014, les familles et les firmes suisses ont économisé globalement un milliard de francs (chiffres de l’Union pétrolière suisse).
L’Arabie saoudite, le plus grand exportateur d’or noir, nous a en plus gratifiés d’une communication porteuse d’espoir le lundi 22 décembre. «Le monde ne verra plus jamais un baril de brut à 100 dollars. Il n’est en outre pas dans l’intérêt des membres de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) de restreindre leur production. Et cela quel que soit le cours du baril. Même s’il descendait jusqu’à 20 dollars, une telle mesure ne serait pas pertinente», affirmait le ministre saoudien du pétrole Ali al Naimi.
Une première
Tous ces heureux présages n’ébranlent cependant pas le consensus de nombreux experts. Il semble en effet plus prudent de profiter d’un premier trimestre garantissant des prix bas, plutôt que d’attendre des conditions encore plus avantageuses. Des acheteurs sont certes recherchés pour écouler les fortes quantités de brut actuellement disponibles sur le marché. Toute prévision sur l’évolution des cours demeure cependant périlleuse.
«Nous sommes confrontés à une première dans l’histoire de l’industrie: une bonne partie du Proche-Orient se trouve en guerre et les cours du pétrole diminuent. Il devient dès lors difficile de tirer des enseignements du passé», relève Martin Stucky, économiste à l’Union pétrolière suisse, association forte de vingt-sept membres, assurant 95% des importations de brut et autres produits pétroliers. Les propriétaires d’immeubles seront-ils du coup enclins à la prudence et à faire des achats de mazout d’ici à la fin du mois de mars?
Joie des locataires
Un tel choix favoriserait d’agréables surprises pour les locataires lors de la réception de futurs décomptes de charges. D’autant plus que les chiffres de l’Office fédéral de la statistique démentent un lieu commun apparemment bien établi: quoi qu’on en dise, le mazout n’est pas forcément moins cher en été. «Nous ne nous sommes jamais livrés à des prévisions ou des recommandations liées aux prix du mazout, indique Christophe Aumeunier, secrétaire général de la Chambre genevoise immobilière. Les propriétaires institutionnels, à commencer par les caisses de pension, ne s’y risquent pas non plus à ma connaissance. Les experts insistent d’ailleurs eux-mêmes sur la difficulté d’effectuer des prévisions dans le contexte actuel.»
Indépendamment de ces éléments, Christophe Aumeunier rappelle que les 6600 membres de la Chambre bénéficient de rabais auprès de certains fournisseurs de mazout.