Revue de presse

27.06.2014

L'immobilier pourrait flamber avant le gel du 2e pilier

Le Conseil fédéral veut restreindre la possibilité de retirer le capital LPP en vue d'une acquisition dans l'immobilier par exemple. Selon des experts, une telle décision ne ferait qu'enflammer le marché à court terme.

La Banque nationale suisse (BNS) croyait avoir gagné la partie, elle qui met en garde depuis des années contre la surchauffe du marché immobilier. Mardi l’Association suisse des banquiers (ASB) annonçait que la durée de l'amortissement sera réduite à 15 ans, contre 20 actuellement, provoquant l'inquiétude.

Mais mercredi, le Conseil fédéral a tout remis en question en annonçant qu'il songeait à interdire, ou plutôt à limiter la possibilité de retirer tout ou partie de son capital de prévoyance vieillesse (LPP). Il n'en fallait pas plus pour déclencher une avalanche d'avertissements, comme l'explique le Tages-Anzeiger.

Crainte de ruée sur l'immobilier

Pour Matthias Holzhey, économiste chez UBS, cette annonce est «maladroite», alors que pour le Credit Suisse, elle intervient à un «mauvais moment». Non seulement les prix se sont tassés dans les régions à surchauffe que sont l'arc lémanique et la région zurichoise, mais la volonté du gouvernement pourrait provoquer une ruée sur les biens immobiliers.

En effet, les analystes redoutent que les potentiels acquéreurs retirent leur deuxième pilier avant l'interdiction du Conseil fédéral pour l'investir dans le bâtiment. Le Credit Suisse redoute ainsi «une course vers les biens immobiliers disponibles».

«Les prix vont repartir à la hausse»

Pour Lorenz Heim chez VZ Hypothekenzentrum, ce mouvement pourrait remettre le feu au marché. Des craintes partagées par Fredy ­Hasenmaile et Thomas Rieder au Credit Suisse, ajoutant que «les prix pourraient ainsi repartir à la hausse». Et donc ruiner tous les efforts entrepris pour refroidir l'immobilier.

Un scénario encore renforcé par les inquiétudes entourant la santé du système de prévoyance en Suisse. Pour Matthias Holzhey, cela ne fera qu'accroître les retraits des caisses de pension, au motif que mieux vaut investir dans la pierre plutôt que laisser ses fonds dans une caisse aux perspectives de rente incertaines.

Les agents immobiliers anticipent donc un nouvel accès de fièvre jusqu'à ce que tombe la décision du Conseil fédéral, peut-être en 2016. Par la suite les prix chuteront.

Double peine

En 2012, les retraits des caisses de pension ont atteint 2,3 milliards de francs, selon l'Office fédéral de la statistique. Soit en moyenne près de 30'000 retraits pour une valeur de 80'000 francs. Il n'existe aucun chiffre permettant de savoir si ces fonds ont été investis dans l'immobilier, mais selon UBS, le montant pourrait être d'un tiers alors que d'autres évoquent plus de la moitié.

La décision du Conseil fédéral pénalise donc doublement les futurs acquéreurs de biens immobiliers, ajoute Lorenz Heim chez VZ Hypothekenzentrum. Non seulement les prix vont grimper mais les propriétaires perdront aussi de l'argent lorsqu'ils voudront revendre en raison de la baisse de la demande. Et ils ne pourront plus amortir leurs hypothèques en recourant au deuxième pilier.

Source : lematin.ch, Newsnet